Mon journal de campagne

Unissons nos coeurs pour bâtir la RCA

RELANCE DE L'ÉCONOMIE CENTRAFRICAINE

 RELANCE DE L'ÉCONOMIE CENTRAFRICAINE

CANDIDAT N°2

Pr. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA

 

RELANCER L’ECONOMIE

CENTRAFRICAINE : UN IMPERATIF

 

1. Contexte

Bien que pays non littoral, constituant son principal handicap naturel, la République Centrafricaine, située en plein cœur de l’Afrique, regorge d’énormes potentialités en ressources naturelles. Faisant partie intégrante des deux zones de libres échanges de la sous-région, à savoir, la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) et la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), la RCA appartient également au Bassin du Congo qui abrite la seconde réserve forestière et hydraulique mondiale. Malgré les ressources minières, minérales, agricoles, forestières immenses de ce pays qui demeurent sous exploitées, la RCA est classée parmi les pays les plus pauvres du monde.

La population centrafricaine peuplée d’environ 4,7 millions d’habitants (RGPH03,2013) inégalement répartie sur une superficie de 623.000 km2, est confrontée à une pauvreté endémique. En plus de son réseau hydrographique dense et son massif forestier important (3,8 millions d’hectares), le pays compte des gisements d'aluminium, de cuivre, d’or, de diamant, d’uranium et des puits de pétrole (Plus d’un milliard de barils de pétrole seraient présents dans le pays, principalement au nord, près de la frontière avec le Tchad où quatre sites pétroliers prometteurs sont identifiés, notamment Bagara, Doseo, Salamat et Doba/Bango). Le nid de pauvreté endémique en RCA contraste avec l’important potentiel naturel qu’elle dispose : 2 618 000 personnes en Centrafrique, soit 67,2% de la population vivent en dessous du seuil de la pauvreté monétaire en 2003 selon l’Enquête Centrafricaine sur les Conditions de Vie en milieu Rural et en milieu Urbain (ECVR et ECVU, 2003).

Quelques données récentes disponibles attestent la situation de précarité et de vulnérabilité dans laquelle vit la population centrafricaine dont le pays n’a véritablement pas amorcé une croissance soutenue et durable depuis son indépendance bien que des intentions aient été manifestées à certaines périodes : l’indice du développement humain (IDH) considérablement détérioré entre 1990 et 2006 (172è sur 177 pays selon PNUD en 2006), plaçait la RCA parmi les cinq derniers pays à l’échelle mondiale. Celui de 2013 lui donne le rang de 180è sur 186 pays (PNUD, 2013). Le PIB par habitant qui était passé de 280 USD sur la période 1980-85 à 260 USD en 1995-2001 se situe seulement à 446 USD en 2012.

La spirale de régression socio-économique dans laquelle est plongée la RCA depuis son indépendance s’explique en majeur partie par l’instabilité socio-politique chronique qui y a fait son lit ; conséquence des crises militaro-politiques cycliques enregistrées dans le pays. Les principales causes profondes de ces crises qui produisent les mêmes effets sont : la mal gouvernance, l’impunité, le clientélisme, le népotisme, le clanisme érigés en mode de gouvernance. Ces causes engendrent la frustration, l’insécurité, la méfiance, la corruption généralisée. Tous ces soubresauts militaro-politiques ont détruit, à chaque fois, le tissu économique et ébranlé la cohésion sociale, plaçant la RCA dans un cycle d’éternel recommencement, un pays de tourner en rond.

L’espoir était pourtant permis lorsqu’en octobre 1993, les premières élections crédibles, libres et transparentes (démocratiques) furent organisées dans le pays, lui donnant toutes les chances d’un lendemain meilleur sur le plan socio-économique et politique. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ont très rapidement replongé ce pays dans un cycle de conflits internes à répétition, le ramenant systématiquement à la case de départ. C’est ainsi que le pays était rentré en récession économique en 2003 avec un taux de croissance négatif de –4,6%, à la prise de pouvoir de la rébellion armée qui avait mis fin au régime démocratiquement élu en 1993. Les tensions de trésorerie consécutives aux multiples crises internes avaient favorisé à cette époque, la persistance des arriérés extérieurs, obligeant la communauté internationale financière à suspendre déjà en 2002, ses décaissements destinés à accompagner l’action gouvernementale. Le changement politique de 2003 avait conforté le désengagement des partenaires au développement de la RCA à l’exception du PNUD et des agences spécialisées des Nations-Unies qui avaient poursuivi les actions humanitaires et d’assistance.

En vue de rompre définitivement avec ces troubles récurrents, les forces vives de la nation centrafricaine (l’ensemble des partis politiques, l’administration, le secteur privé et les organisations de la société civile) se sont retrouvées au cours d’un dialogue national en septembre 2003 pour déterminer les nouvelles orientations et asseoir des institutions politiques, économiques et sociales répondant aux attentes de tous. Les conclusions de ce dialogue national avaient permis d’organiser un référendum ayant abouti à l’adoption d’une constitution en décembre 2004 suivi de la tenue d’élections législatives et présidentielles libres et transparentes en 2005. Les institutions légales issues de ces consultations avaient donné lieu à l’instauration d’un climat socio-politique apaisé et offert des meilleures perspectives pour relancer l’économie nationale et lutter contre la pauvreté généralisée dans le pays.

Le retour progressif de la sécurité et de la confiance s’était traduit par le passage progressif des actions humanitaires aux actions de développement. Le réengagement de la communauté financière internationale à appuyer les efforts des autorités nationales, avait été effectif grâce à un don d’un montant de 75 millions de dollars octroyé par la Banque mondiale en 2006 dans le cadre de programme de réformes ayant permis d’apurer les arriérés de la RCA vis-à-vis de la Banque mondiale et d’assurer le paiement du service de la dette jusqu’au point de décision de l’initiative PPTE en septembre 2007. L’apurement des arriérés de la Banque Africaine de Développement (BAD) s’était concrétisé suite à des ressources mobilisées par la Banque mondiale, la BAD et un groupe de pays amis.

L’approbation en décembre 2006 par le Fonds Monétaire International (FMI) d’un programme triennal (2007-2009) de la RCA, appuyé par une Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance (FRPC) d’un montant de 54,5 millions de dollars, avait ouvert la voie au rétablissement des relations financières entre le pays et les partenaires financiers. Bénéficiant d’autres appuis extérieurs, la RCA s’était résolument décidée à mettre en place une politique économique et sociale susceptible de la placer sur la trajectoire du développement durable indispensable pour la lutte contre la pauvreté à l’horizon 2015.

La RCA, pour réaliser cet objectif, avait élaboré une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, véritable outil de dialogue et de cohésion sociale. Cette stratégie nationale était contenue dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), unique cadre de référence, sur la période, pour les interventions en faveur du développement du pays. Ce document avait été élaboré sur la base d’une approche participative avec le concours de tous les acteurs de développement (administration, populations, société civile, secteur privé, partis politiques et les partenaires extérieurs) en tenant compte des aspirations des populations recueillies au cours des consultations régionales. Le DSRP était fondé sur une croissance économique forte et durable, créatrice d’emplois, nécessaire pour inverser les tendances négatives de la pauvreté généralisée dans le pays en dépit de son potentiel naturel important.

Le climat apaisé instauré au cours de cette période avait constitué un atout pour remettre l’économie de la RCA sur une trajectoire de croissance presqu’ascendante et régulière entre 2003 et 2006 : les taux de croissance sur ladite période était respectivement de -4,6% en 2003, 3,5% en 2004, 3,0% en 2005 et 4,3% en 2006. Les crises internationales notamment alimentaire, économique et financière ainsi que la crise énergétique nationale démarrées en 2007 avaient érodé les efforts consentis pour garder le cap de la croissance économique nationale. C’est ainsi qu’il sera enregistré les taux de croissance de 3,6% en 2007, 2,0% en 2008 et 1,4% en 2009. La reprise modérée des activités économiques au niveau international en 2010 avait permis à la RCA de renouer avec la croissance économique : les taux de croissance étaient de 2,9% en 2010, 3,3% en 2011 et 3,5% en 2012. Il est à rappeler que ces performances sont loin des perspectives de croissance du scénario prudent (tendanciel) conforme au programme de référence de la FRPC et dans le cadre de l’initiative des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE) fixées dans le DSRP 2008-2010, au regard des multiples aléas liés aussi bien à l’environnement international que national : le scénario prudent prévoyait les taux de croissance respectivement de 3,8% en 2006, 4,4% en 2007, 3,8% en 2008, 4,0% en 2009 et 3,8% en 2010.

 

2. Rébellion de décembre 2012 ou descente aux enfers de la RCA

Le changement de régime de mars 2013 en RCA a occasionné la plus grave crise que le pays a connue de son histoire. La rébellion Séléka entamée dans le nord-est en décembre 2012 a été dévastatrice sur son passage avec des conséquences alarmantes sur les plans humanitaire, alimentaire et sanitaire dans toutes les localités visitées par ces troupes. La prise de pouvoir le 24 mars 2013 par cette rébellion s’est suivie du vandalisme systématique de l’administration publique, du peu d’entreprises publiques et privées encore opérationnelles, de viols, des exactions, d’assassinats, de pillages et des destructions de biens d’autrui, occasionnant plusieurs milliers de déplacés internes et externes, de morts et de blessés sur tout le territoire national.

Le désastre a atteint son paroxysme à telle enseigne que l’insécurité s’est généralisée dans tout le pays en l’absence des forces de défense et de sécurité qui se sont évaporées dans la nature entrainant de facto l’arrêt des activités économiques. Aucun secteur économique n’étant pas épargné, le pays a entamé inéluctablement sa descente aux enfers. Les massacres perpétrés par les troupes rebelles n’ont épargné aucune communauté. Ce conflit intercommunautaire à engendrer de graves ripostes, de groupes d’auto-défense «Anti-balaka». Le « vivre ensemble » entre les chrétiens et musulmans qui ont toujours vécu en symbiose depuis l’ère des temps, va être soumis à rude épreuve par des graves exactions commises par ces groupes armés, prenant ainsi en otage les deux communautés (chrétienne et musulmane). Le régime de transition mis en place dès le changement politique du 24 mars 2013 n’a pas pu mettre un terme au drame en dépit de la présence de la communauté internationale au chevet de la RCA.

L’avènement de la deuxième transition en janvier 2014 suite au départ forcé du président de la première transition n’a pas permis la pacification du pays nécessaire à la mise en oeuvre de la feuille de route de transition. L’intransigeance des belligérants de la crise finit par créer une partition de fait du pays occupé au nord-est par la Séléka et le reste par les Anti-balaka. En outre, il ne faut pas perdre de vue la présence de l’Armée de résistance du Seigneur de Joseph Kony qui entrave la sécurité de la paisible population au Sud-Est du pays.

Le conflit intercommunautaire imposé à la RCA, a fait payer de lourds tribus aux populations civiles de toutes les confessions religieuses du territoire national. En conséquence, les administrations ont été entièrement paralysées dans les zones sous contrôle des groupes armés en raison du retrait des fonctionnaires de l’Etat sous l’effet de l’insécurité entretenue par ces derniers d’une part et la création par les belligérants, des services parallèles à leur profit d’autre part. Les finances publiques sont confrontées à d’énormes difficultés de mobilisation des ressources internes (recettes fiscales) en raison de l’absence de l’administration dans les zones sous contrôle des groupes armés. L’Etat, soumis à des tensions de trésorerie permanentes, est devenu entièrement dépendant de l’extérieur.

La persistance des combats et des tensions confessionnelles vont impacter négativement l’activité économique par la chute drastique de la production agricole en raison de plusieurs milliers de déplacés internes et externes (plus de 400.000 personnes) fuyant l’insécurité récurrente. Les capacités productives des populations paysannes ont été entièrement réduites en raison de la destruction de leurs stocks de semences, des petits élevages et des moyens de production (outils). La consommation va fortement baisser dans les ménages à cause des difficultés de récolte des produits, des axes de transports de commerce bloqués par les groupes armés, soumettant ainsi à rude épreuve le panier de la ménagère. Les secteurs d’exportation, plus particulièrement le secteur minier n’a pas été épargné suite à la suspension du pays au processus de Kimberley en mai 2013. A cela, il faut ajouter la suspension de nombreux projets d’investissement privés que publics, le retrait de nombreux investisseurs étrangers et la suspension de la majorité de prêts et aides au développement. La pénurie alimentaire persistante dans le pays a favorisé les poussées inflationnistes (5,9% en fin 2012 contre 1,2% en 2011).

Le pays, plongé dans l’instabilité macro-économique, est tombé dans une récession économique jamais connue depuis son histoire avec un taux de croissance atteignant -36% en 2013. Le taux d’inflation a été estimé à 6,5%, largement au-dessus des normes communautaires (3%). L’insécurité alimentaire s’est accentuée dans plusieurs localités du pays, entrainant la malnutrition causée par la rareté des produits alimentaires sur les marchés ou l’accessibilité difficile à ces produits en raison de leurs coûts élevés. Les prévisions des taux de croissance et d’inflation, dans une perspective de normalisation de la situation dans le pays, ont été respectivement de -0,5% en 2014, 3,7% en 2015 et 5,8% en 2014, 2,9% 2015.

Face à cette crise profonde de plus d’une année, un accord de cessation des hostilités a été signé en juillet 2014 à Brazzaville par les principaux acteurs de la crise, sous la pression internationale, en vue de tenter de relancer cette transition politique. Force est de constater qu’au lendemain de la signature dudit accord, des voix s’élèvent dans le camp séléka miné par des divisions pour le remettre en cause, rendant ainsi difficile sa mise en oeuvre. La nomination d’un Premier ministre musulman supposé de consensus en août 2014 sera rejetée par la Séléka, une partie de la classe politique et la société civile qui ont refusé de faire partie du gouvernement d’ouverture et de combat mis en place.

Des affrontements, des crépitements d’armes de tout calibre et des braquages sont régulièrement enregistrés dans de nombreuses localités et à Bangui, obligeant les personnes déplacées à demeurer dans leurs sites de fortune. Des cas d’assassinats, de meurtres et de violences sur la paisible population sont toujours d’actualités et perturbent de temps en temps le bon fonctionnement des activités administratives et économique du pays, créant ainsi une situation de psychose généralisée. L’effectivité de l’accord de cessation des hostilités de Brazzaville est devenue qu’une vue de l’esprit avec la poursuite des massacres, incendies des maisons et villages orchestrés en toute impunité par ces groupes armés surtout dans les zones du Nord-est, Centre et Est du pays même en présence des forces internationales

.La population centrafricaine a pourtant fondé tout son espoir au passage de la Misca à la Minusca chargée d’appliquer les résolutions des Nations-Unies devant désarmer les groupes armés et tout individu non autorisé à porter une arme. Bien que des efforts soient consentis par la Minusca pour instaurer la sécurité à Bangui et dans les préfectures à travers le déploiement de ses hommes, la population reste encore sur sa faim et ne sait plus à quel saint se vouer lorsque ces groupes armés agissent encore en toute impunité en créant des désolations dans plusieurs localités du pays. La population , la société civile et certains partis politiques sont obligés de monter au créneau pour réclamer le réarmement et l’opérationnalité des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) qui selon eux restent les seules forces capables de mettre un terme à leur tragédie.

De tout ce qui précède de cette crise chaotique dans laquelle est plongée la RCA plus d’une année, le pays doit, pour s’en sortir, faire face à des défis urgents dont les principaux sont : la paix et la sécurité, la confiance mutuelle, le retour des réfugiés, la préservation de l’unité du pays, la stabilité macro-économique, la relance économique, la reconstruction du pays, le développement équitable des régions du pays.

 

3. Pistes de solutions pour la relance de l’économie

La sortie définitive de la RCA de cette profonde crise qui a fait passer au rouge tous ses indicateurs économiques, nécessite une stratégie appropriée et une méthode participative impliquant tous les filles et fils de Centrafrique de toutes les catégories socioprofessionnelles. Chaque fille et fils de Centrafrique doit prendre conscience de la dérive du pays et prendre résolument la décision de sauver ce qui peut encore l’être dans l’intérêt national. La République Centrafricaine doit subir une transition complexe pour s’affranchir de sa situation de fragilité aigüe. La remise en place des paramètres fondamentaux de l’économie passe inéluctablement par la paix et la sécurité, la réconciliation, la cohésion sociale et la tolérance. Au fur et à mesure que des actions sont menées pour le retour de la sécurité, d’un climat apaisé au cours duquel les déplacés et les refugiés devront regagner leur résidence, le retour à l’ordre constitutionnel en vue de doter le pays des institutions démocratiques, crédibles et fortes, il est important de lancer concomitamment de grands chantiers en faveur de la relance économique que l’on peut regrouper en trois étapes :

 

I. La résilience : cette période est essentielle pour créer l’environnement adéquat à une stabilité macro-économique, condition sine qua non au retour de la croissance. Dans la même lancée, des réflexions doivent être menées pour le développement des secteurs porteurs de l’économie tels que le secteur privé caractérisé par sa faiblesse inouïe, l’énergie et les transports, confrontés à d’innombrables difficultés à ce jour. La maîtrise de l’inflation très élevée est essentielle pour améliorer le panier de la ménagère et atténuer la précarité de la vie surtout au sein des populations très pauvres et vulnérables, soumises à l’insécurité alimentaire, l’une des conséquences des effets collatéraux de cette crise profonde. A cet effet, les actions humanitaires à déployer en faveur des populations en détresse vont primer (en volume financier) sur les actions de développement de manière à ramener la quiétude et susciter le retour des déplacés et des refugiés. Ces actions à la base visent en priorité, les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’eau et assainissement, bref les secteurs sociaux essentiels de base sans oublier les activités génératrices de revenus pour promouvoir l’autonomisation des femmes, la distribution de semences et des moyens de production (outils), la relance des petits élevages. Ceci vise à permettre aux paysans de recréer leur environnement initial de vie et préparer le passage de la période humanitaire à celle de développement.

L’entrée en action de la Mission Multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la Stabilisation de la République Centrafricaine (MINUSCA) le 15 septembre 2015 sous l’égide de l’ONU en remplacement de la MISCA initiée par l’UA, est un volet fondamental de la résolution de cette crise dont les actions devraient en principe, faire taire les armes au détriment de la sécurisation et de la pacification du pays tout entier. On suppose dans ce cas, la mise en application effective des résolutions des Nations-Unies par la MINUSCA, la Sangaris et l’Eufor avec l’implication des Forces Armées Centrafricaines (FACA) dont les capacités techniques et institutionnelles sont appelées à être renforcées dans le cadre d’une restructuration, de concert avec la Communauté Internationale. Le déploiement des Forces Armées Centrafricaines appuyées par les forces de la paix onusiennes sur tout le territoire national devrait avoir une portée dissuasive, ramener la quiétude au sein de la population et faciliter la mise en oeuvre des actions nécessaires à l’amélioration de l’environnement social des habitants, créant ainsi les conditions favorables à un retour volontaire des déplacés et réfugiés dans leurs milieux d’origine.

Par conséquent, Il est indispensable de réhabiliter les infrastructures administratives, sanitaires (centres de santé, dispensaires, hôpitaux…), scolaires (écoles maternelles, établissements primaires et secondaires, établissements de formation professionnelle), les puits et les forages vandalisés ou endommagés au cours de la période de crise. Il en est de même pour les marchés, les infrastructures de transport (les routes et les pistes rurales) devant faciliter l’écoulement des produits champêtres et autres des populations. Compte-tenu de l’ampleur des dégâts et des besoins d’urgence identifiés des populations, la programmation conformément à l’enveloppe disponible ne doit souffrir d’aucune iniquité dans la répartition des ressources destinées à apporter des débuts de solutions visibles, dans un délai raisonnable, sur toute l’étendue du territoire.

L’administration par la même occasion, devrait se redéployer sur l’ensemble du pays pour restaurer l’autorité de l’Etat par la présence effective des autorités administratives et locales (préfets, sous-préfets, maires, forces de défense et de sécurité, justice, représentants administratifs sectoriels) en vue de rassurer, protéger les populations et les inciter à la reprise de leurs activités dans la quiétude. La mise en oeuvre des résolutions des nations-Unies auraient déjà occasionné au préalable, le désarmement systématique des groupes armés non conventionnels et tout individu porteur illégal d’arme de guerre.

À cet effet, le système judiciaire devrait être pleinement opérationnel dans toutes les préfectures du pays pour traquer, juger les contrevenants et garantir les Droits humains, lutter contre l’impunité et la corruption. C’est à ce prix que chaque citoyen, dans n’importe quelle portion du territoire, se sentant protégé, se mettra en confiance pour son plein épanouissement et aura du respect pour son prochain. Les leaders d’opinion, les responsables religieux, les responsables des différentes associations et les ONG nationales devraient intensifier inlassablement les actions en faveur de la tolérance, du respect de la valeur humaine, de l’amour du prochain et de la cohésion sociale. Ces valeurs sont à inculquer aux générations futures à travers des programmes d’enseignement à la citoyenneté à mettre en oeuvre depuis les écoles maternelles.

La Communauté internationale est déjà à pied d’oeuvre dans les actions humanitaires en faveur des populations déplacées, vulnérables et en situation difficile. Ces actions, coordonnées en majeur partie par les Agences du système des Nations-Unies, sont mises en oeuvre par les Organisations Non Gouvernementales internationales. C’est l’occasion de renforcer le partenariat avec le Gouvernement en matière de suivi-évaluation des activités entreprises en vue du transfert de compétences à la partie nationale dans le domaine de la gestion des données, de la définition des indicateurs et de la culture de reddition des comptes. Les projets d’urgence initiés devraient donner l’occasion d’occuper les populations et particulièrement les jeunes de toutes les localités sans distinction aucune, à toiletter leur espace à travers de petits services lucratifs dans l’esprit de lutter contre l’oisiveté. Un encadrement en guise de formation devrait être réservé à cette tranche de population jeune pour lui offrir les capacités de se projeter dans l’avenir professionnel que d’être à la merci des manipulateurs et des vendeurs d’illusions pour qui elle constitue des proies faciles à enrôler dans les rebellions.

Le Gouvernement, à travers le ministère du plan et de la coopération internationale, devrait assurer conjointement avec la Communauté internationale, la coordination de toutes les actions humanitaires et veiller à l’implication des départements sectoriels dans la conception et la mise en oeuvre des activités concernant leur volet. Ceci aurait l’avantage de faciliter non seulement au Gouvernement une meilleure lisibilité et visibilité des actions humanitaires mais également à la partie nationale, une meilleure appropriation des conditions de vie des populations perturbées par les évènements douloureux qu’elles ont vécus, étant attendu que l’administration manque cruellement de moyens de ses actions.

C’est également important que le Gouvernement veille au renforcement des capacités des ONG nationales à travers la sous-traitance de certaines activités avec les ONG internationales. A cet effet, les cadres de collaboration entre le Gouvernement et les responsables des actions humanitaires devraient être élaborés de manière à permettre aux ONG internationales en charge de la mise en oeuvre des activités humanitaires d’utiliser les compétences des ONG nationales bien structurées et capables d’intervenir efficacement au niveau des communautés de base pour l’obtention des résultats attendus. Le suivi des actions pourrait donc être facilement assuré par les ONGs nationales en cas de départ des ONGs internationales.

La mobilisation des ressources financières conséquentes en cette période de relèvement post-conflit et de sortie de la situation de fragilité est fondamentale pour remettre le pays définitivement sur la trajectoire de la croissance. L’appui des partenaires financiers traditionnels est indispensable pour la mobilisation des ressources financières extérieures tandis que les régies financières devraient user de tous leurs pouvoirs pour mobiliser les ressources internes. Le concours des partenaires financiers traditionnels est précieux pour le renforcement des capacités institutionnelles et techniques des pouvoirs publics en vue de définir une politique cohérente de relance de l’économie nationale.

C’est pour cela que les consultations avec les institutions de Brettons Wood sont cruciales pour la formulation d’une politique budgétaire appropriée devant permettre de faire face aux risques et facteurs de vulnérabilité susceptibles d’impacter la dynamique de la croissance économique du pays. Ces échanges approfondis avec le FMI auraient l’avantage de faire bénéficier au pays des conseils nécessaires pour identifier des réformes à entreprendre dans le cas de notre pays post-conflit et fragile en vue de le doter d’une politique budgétaire favorable à la reprise de la croissance soutenue et durable. Les besoins en infrastructures et en développement doivent être clairement exprimés et faire l’objet d’un juste équilibre dans la gestion de la dette publique au regard du niveau des dépenses, étant attendu qu’à l’étape de la fragilité, les prêts concessionnels sont généralement limités pour couvrir tous les besoins de développement.

La RCA est appelée à faire preuve de résilience au cours de ce triste moment chaotique imposé par la crise politico-militaire qui perdure depuis décembre 2012 en ciblant les indicateurs de résilience dont le suivi donnera des indications précises sur la sortie de cette rude épreuve afin d’orienter le pays sur la voie de la reconstruction. Des actions vigoureuses doivent être réalisées pour redynamiser le tissu économique et le diversifier, orienter le secteur agricole vers la modernisation, améliorer les secteurs des services, des BTP… en vue de réunir les conditions favorables à la création des emplois et réduire le chômage.

À la suite des derniers évènements militaro-politiques qui ont mis en lambeaux le maigre tissu économique de la RCA, le chômage en général et plus particulièrement des jeunes, l’une des principales sources de mécontentement populaire, s’est accentué au regard du délabrement de l’environnement socio-politique, économique et sécuritaire du pays combiné à une paupérisation endémique dont le nid s’était déjà instauré sur l’ensemble du territoire national. La création d’emplois pérennes en quantité et de meilleure qualité en faveur surtout des jeunes, est l’un des principaux défis les plus urgents des autorités nationales, dans un contexte où le secteur privé brille par une faiblesse chronique et les petites et moyennes entreprises (PME) affichent une vulnérabilité aigue.

Il devient urgent d’élaborer des stratégies capables de promouvoir le potentiel entrepreneurial national susceptible de créer des richesses et d’emplois. A cet effet, il est indispensable de faire une analyse de la situation de l’environnement des affaires dans le pays en passant par les opportunités qu’offrent les secteurs productifs, la capacité d’innovation au niveau national, le niveau d’instruction de la main d’oeuvre entrepreneuriale, le mécanisme d’accès au financement pour les nouvelles entreprises, la prise en compte de la formation en entrepreneuriat dans le système national de formation, bref les politiques et programmes en matière des micro, petites et moyennes entreprises (MPME).

Le pays doit se doter dans un bref délai, d’un programme national de l’entrepreneuriat des jeunes centrafricains contenant des projets dont la mise en oeuvre utilisera les jeunes pousses et les petites et moyennes entreprises innovantes. Les partenaires traditionnels tels que la Banque Africaine de Développement, la Banque Mondiale qui ont inscrit cette problématique dans leurs défis de développement du continent africain et qui oeuvrent inlassablement pour sortir les pays post-conflits et fragiles de leur situation de transition, seront sollicités pour accompagner notre pays à effectuer un état des lieux de tous ces aspects en vue d’élaborer des stratégies pertinentes pour booster le secteur privé, créateur des richesses et partant la croissance soutenue et durable en RCA.

 

La question de l’employabilité des jeunes des deux sexes doit être abordée dans toutes ses dimensions par des réponses pertinentes à des interrogations telles que :

  • Existe t-il des informations fiables sur les entreprises du secteur privé en exercice au niveau national ?
  • Quel est le pourcentage des micros, petites et moyennes entreprises dans l’ensemble des entreprises du secteur privé ?
  • Le niveau d’instruction des entrepreneurs potentiels nationaux peut –il garantir la survie des nouvelles entreprises ?
  • Quelles sont les structures de formation au niveau national qui dispensent des modules ou de formation en entrepreneuriat ?
  • Le pays dispose t-il de services de conseil, d’orientation, de tutorat et d’encadrement des entrepreneurs afin de faciliter le démarrage de leurs entreprises ou d’améliorer leur capacité de gestion ?
  • Le pays dispose t-il d’un mécanisme d’accès au financement des jeunes entrepreneurs, des micro, petites et moyennes entreprises innovantes ?
  • Quelles sont les différents programmes en cours ou déjà mis en oeuvre par le Gouvernement pour soutenir les micros, petites et moyennes entreprises dans le pays et quels en sont les résultats ?
  • Quels sont les secteurs productifs du pays à haute potentialité de richesses dont la mise en oeuvre peut créer des effets d’entrainement dans les autres secteurs ?

L’identification et la réduction des obstacles au développement et à la croissance des micro, petites et moyennes entreprises et le renforcement du rôle qu’elles doivent jouer dans la création d’emplois afin d’atténuer le niveau élevé de chômage constituent des réponses adaptées à la lutte contre la pauvreté en apportant des éléments de réponse aux préoccupations des jeunes des deux sexes en quête d’emplois pérennes. Les conditions doivent être réunies pour faciliter l’accès à l’information, aux capitaux, aux investisseurs, à la formation sans oublier la mobilisation des appuis aussi bien internes qu’externes pour accroître et accélérer le développement des jeunes pousses (entreprises naissantes). Toutes ces actions doivent intégrer les femmes dont la contribution potentielle est substantielle dans l’activité économique du pays.

De manière générale, un secteur des micros, petites et moyennes entreprises bien structuré porté par des secteurs productifs à haute potentialité de richesses contribue de manière significative dans la création d’emplois plus particulièrement en faveur des jeunes travailleurs, des femmes et des sans-emplois. Il constitue par conséquent un facteur déterminant en matière de fourniture de grandes entreprises créant ainsi un environnement national compétitif susceptible d’attirer des investissements directs étrangers. La dimension formation des entrepreneurs devient capitale en ce sens que la croissance des micros, petites et moyennes entreprises dépend étroitement des compétences et de la capacité de ces derniers à chercher de nouveaux marchés, à développer de nouveaux produits ou services et à diversifier l’offre, dans la perspective de favoriser la création d’emplois durables et à placer l’économie sur la voie de l’extraversion. Ce qui requiert un faisceau d’initiatives dans le domaine de la mobilisation de ressources financières aussi bien internes que celles des partenaires de développement.

La réussite de cette approche nécessite d’identifier les secteurs à forte potentialité d’emplois tels que ceux des biens et services aux consommateurs, des services sociaux et le secteur agricole dans lesquels la création d’un plus grand nombre d’emplois pourrait être plus aisée. C’est l’occasion d’approfondir les réflexions sur l’amélioration de l’infrastructure agricole, l’accès des agriculteurs aux financements, aux marchés.

Il est d’autant vrai que le passage de cette zone de transition caractérisée par la fragilité de l’État et de sa situation post-conflictuelle, nécessite une mobilisation conséquente de les consultations à la base ayant abouti à l’organisation du Forum national, le retour à l’ordre constitutionnel à travers la tenue des élections équitables et transparentes, et la mise en place des institutions républicaines fortes et crédibles constituent un gage d’un climat serein et apaisé, ressources financières, ce qui pourrait accentuer les déficits budgétaire et de balance de paiement, accroître la dette extérieure et la dette totale du Trésor. C’est pour cela que le Gouvernement doit libérer d’importantes énergies pour produire plus de croissance en capitalisant les atouts politique, économique et social en sa disposition. Au plan politique, indispensable pour la relance des activités économiques dans tous les secteurs productifs. Au plan économique, un accent particulier sera accordé aux réformes fiscales, au mode de gestion et de rémunération de l’administration de manière à maîtriser les dépenses et stabiliser l’endettement public.

Des efforts seront déployés pour libérer le potentiel d’investissement privé national et étranger pour relayer l’Etat dans la dynamique de la création des richesses et d’emplois plus pérennes et de meilleure qualité. Au plan social, les tensions entre les partenaires sociaux et les gouvernants sont atténuées suite aux garanties de gouvernance dans les secteurs de l’économie suite à la mise en place des institutions républicaines à la satisfaction de toute la population. Une nouvelle ère s’ouvre et donne plein espoir pour mobiliser toutes les couches de la nation vers un avenir meilleur.

Les priorités définies dans la répartition des dépenses de l’Etat, visant les objectifs sociaux et économiques du pays devraient clairement apparaître dans la Loi des Finances en vue d’un meilleur contrôle au niveau du Parlement. A cet effet, l’élaboration d’un Cadre de Dépenses à Moyen Terme (CDMT) apparait plus que nécessaire pour la RCA, pays à faible revenu (Etat fragile) et en proie à une constante contrainte budgétaire. Etant un instrument de formulation des politiques économiques et de leur traduction budgétaire, le CDMT pourra contribuer à la réforme des finances publiques, le renforcement des capacités d’arbitrages budgétaires fondés sur les performances, le suivi des résultats des différentes politiques et la rétro-action du suivi sur la définition des politiques. Le Gouvernement a tout intérêt à se doter d’une politique budgétaire accommodante qui permette de mieux orienter les dépenses publiques et stimuler l’économie.

La poursuite et le renforcement des relations de coopération avec les partenaires financiers traditionnels (Banque mondiale, BAD, AFD, Union Européenne, Agences du Système des nations-Unies, France, Chine, Japon…) constituent un gage pour la mobilisation des ressources externes nécessaires pour la mise en oeuvre de l’action gouvernementale. Il en est de même avec les Agences du Système des Nations-Unis de telle sorte que les priorités du développement du pays servent réellement de base à l’élaboration du Plan Cadre des Nations-Unies pour l’Assistance en Centrafrique (UNDAF). Il ne se fait aucun doute que l’expression claire de nos besoins en matière de développement faciliterait le plaidoyer par les Agences des Nations-Unies pour drainer des fonds nécessaires à la mise en oeuvre des actions prévues dans le cadre des programmes de coopération que le pays aura conclus avec elles.

Dans cette perspective, le Gouvernement attachera une attention particulière à la mobilisation des ressources internes en vue de faire face aux dépenses régaliennes et celles relatives aux investissements dans les infrastructures essentielles de base dans le cadre de la lutte contre l’extrême pauvreté. Les efforts de transparence dans la gestion de ces ressources devraient réduire les tensions de trésorerie endémiques que connait le pays et renforcer la confiance vis-à-vis des partenaires du développement qui n’hésiteront pas à faciliter l’accès du pays à d’autres fenêtres susceptibles d’accroître ses ressources.

Dans sa nouvelle approche, le Groupe de la Banque Mondiale a décidé d’augmenter de 50%, l’aide à apporter aux pays pauvres qui se trouvent dans des situations de fragilité ou de conflit sur les ressources reconstituées de l’IDA, fonds du Groupe de la Banque Mondiale pour les pays pauvres. Il apparait que les parties concernées ont déjà accepté de porter la part des dons et autres concours financiers allouée à ces pays de 13 à 20 % à compter de l'exercice 2015. Les caractéristiques de la RCA présentent tous les critères de pays pauvre, post-conflit et fragile donc largement éligible à ces fonds IDA. Des négociations seront menées sérieusement avec le Groupe de la Banque Mondiale sur la base des priorités du pays pour étudier la possibilité de lever ces ressources fortement utiles pour les actions de développement.

Cette phase de stabilisation devrait permettre de maîtriser les tensions inflationnistes et augmenter le pouvoir d’achat des ménages par la reprise des activités dans tous les secteurs vitaux de l’économie. A cette occasion, les actions de développement devraient monter progressivement en puissance au détriment des actions humanitaires.

 

II. L’élaboration d’un cadre de référence de la lutte contre la pauvreté : cette phase consiste en l’élaboration d’un document de politique économique contenant une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, de relèvement post-conflit, de sortie de la zone de l’état de fragilité et de reconstruction de la RCA qui doit la projeter sur un trajectoire d’une croissance durable, soutenue et créatrice d’emplois. Elle est supposée démarrer dans un climat apaisé, reflet d’une transition politique pacifique, une situation sécuritaire maîtrisée, incitative au retour volontaire des populations dans leurs résidences où la quiétude est garantie à travers un esprit de la tolérance et de vivre ensemble. Ce document de politique économique devrait être l’unique cadre d’interventions des partenaires du développement du pays qui donne des indications précises sur l’orientation de sa politique budgétaire. Le processus de son élaboration doit être mené de manière participative en vue de susciter l’adhésion de toutes les couches de la société centrafricaine dans sa phase de mise en oeuvre, plus particulièrement les pauvres et les personnes vulnérables.

À cet effet, il est nécessaire de faire un diagnostic sans complaisance de tous les secteurs économiques du pays après ces douloureux évènements au regard de ses énormes potentialités. Procéder ensuite à une revue des politiques nationales et sectorielles existantes, des monographies régionales en vue d’en analyser les forces et les faiblesses de manière objective. La prise en compte des monographies régionales à l’avantage de mettre en exergue les potentialités économiques de chaque région du pays pour une planification équitable. Les analyses approfondies réalisées devront aboutir à l’identification des leviers à effets multiplicateurs de croissance en vue de produire des actions à résultats rapides pour répondre aux besoins pressants et énormes des populations assoiffées d’améliorer dans un délai raisonnable leurs conditions de vie. L’étape suivante devra être consacrée à l’organisation de larges consultations au niveau communautaire et des autres couches de la société centrafricaine en vue de recueillir les aspirations des populations sans exception en sur leurs priorités en matière de développement de leur région ainsi que de l’amélioration de leur cadre de vie.

Les préoccupations exprimées devront être prises en compte pour définir la vision de la RCA souhaitée par tous, les axes stratégiques, les programmes et projets de développement du pays. Cet exercice à mener de manière participative et itérative sera appuyé techniquement et financièrement par les partenaires du développement de la RCA afin de mieux intégrer les échéances internationales (Programme Economique Régional, Agenda post 2015, New Deal...) Le secteur privé, partenaire indispensable dans la création de richesses et d’emplois devra être étroitement associé à cet exercice, de même que la société civile pour s’assurer ensuite de la transparence dans la mise en oeuvre de la politique en veillant sur la prise en compte du secteur social.

Il faut rappeler que la RCA a déjà acquis une bonne expérience dans l’élaboration de ce genre de document, notamment les deux générations du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) très appréciées par la Communauté internationale. L’accent devra être mis sur l’appropriation à tous les niveaux de ce document de portée nationale appelé à être validé par tous car renfermant les aspirations de tout le peuple centrafricain.

 

III. La mise en œuvre et le suivi-évaluation : la mise en oeuvre et le suivi-évaluation d’une telle stratégie nécessite d’importants moyens financiers et humains. A cet effet, ce cadre de référence ainsi validé au niveau national doit être suffisamment partagé avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux du développement de la RCA qui doivent bien prendre connaissance des priorités du pays pour une meilleure prise en compte dans leur programmation. Il sera question de mobiliser aussi bien les partenaires traditionnels que les nouveaux autour des préoccupations de développement exprimées dans ledit document qui évalue également les coûts de financement de sa mise en œuvre.

L’un des principaux défis du gouvernement sera de démontrer sa capacité à mobiliser les ressources pour disposer de moyens de sa politique. Il va dans ce cas, démontrer sa volonté politique en injectant ses ressources propres dans cette entreprise afin d’encourager la communauté internationale à lui emboiter les pas. Pour ce faire, les priorités exprimées dans le document de politique économique visant les domaines socio-économiques doivent figurer en bonne place dans les dépenses publiques et bénéficier des financements prévus dans la loi des finances dans le souci d’améliorer le cadre de vie des populations. En d’autres termes, il faut établir un étroit entre les priorités définies dans le document de politique économique et les dépenses fixées dans la politique budgétaire. Ceci aura l’avantage de faciliter le suivi par les élus du peuple, de la mise en œuvre des activités qu’ils auront validé en amont à travers le document de politique économique et la loi des finances.

Le programme de mobilisation de ressources extérieures devra mériter une attention particulière du gouvernement. L’appropriation du cadre de référence de la politique économique du pays par tous les membres du gouvernement devant mener des actions coordonnées sera un gage de succès. Le département en charge de la coordination de la politique économique du gouvernement devra assurer le leadership des actions auprès des partenaires sous l’égide de la primature. La liste de tous les partenaires potentiels devra être élaborée selon leurs domaines d’intervention pour faciliter les contacts et les échanges en tenant compte des politiques sectorielles. Le but visé sera d’aboutir à l’organisation d’une grande réunion du genre « table ronde » des partenaires en vue de mobiliser des ressources conséquentes pour la mise en oeuvre des actions contenues dans le document de politique économique.

Les actions prévues dans les différentes étapes pour la promotion d’une croissance soutenue, durable et créatrice d’emplois, doivent être mises en oeuvre dans un cadre macroéconomique et budgétaire stable en vue de l’obtention des résultats visibles escomptés sur les populations.

 

4. Dispositif de suivi-évaluation

La culture de reddition des comptes doit être une pratique à dans la gestion de la gestion publique et nécessite une mise en place d’un système d’information fluide pour assurer un suivi efficace des actions entreprises dans le cadre du développement du pays. Il faut noter l’importance des deux outils que sont le suivi et l’évaluation, indispensables et complémentaires pour le management en vue de permettre d’identifier et de mesurer les résultats des politiques et programmes de développement. L’obligation de rendre compte des progrès réalisés aux parties prenantes pour faciliter leur adhésion à la mise oeuvre des politiques et programmes dépend de la mise en place d’un système d’information cohérent, efficace et orienté sur la gestion axée sur les résultats.

L’opérationnalité d’un tel système d’information en réponse aux besoins en information des opérateurs économiques et des décideurs, doit se reposer sur deux sous-systèmes fondamentaux : l’un est destiné à assurer le suivi des conditions de vie des ménages (indicateurs de résultats et indicateurs d’impact) et l’autre le suivi des réalisations physiques et des ressources engagées dans le cadre de la mise en œuvre des programmes et projets. Il est également important de prévoir une évaluation externe, indépendante de l’administration étant entendu que les deux sous-systèmes fondamentaux sont gérés par des structures étatiques. Ceci dans le souci de l’évaluation de l’impact des politiques et programmes mis en œuvre.

Les deux sous-systèmes (suivi des conditions de vie des ménages et suivi des programmes et projets) ne peuvent véritablement être opérationnels et efficaces qu’à partir des dispositifs de suivi et évaluation mis en place dans chaque Département sectoriel en charge de mise en œuvre de projets. Les structures étatiques devant servir d’ancrage institutionnel à ces deux sous-systèmes fondamentaux so nt l’Institut National de la Statistique pour le suivi des conditions de vie des ménages et les Départements en charge de la Planification et des Finances pour le suivi des programmes et projets.

Un diagnostic du dispositif existant de suivi et évaluation est nécessaire pour identifier les actions à mener en vue de renforcer les acquis et celles devant permettre de définir l’architecture du système de manière à rendre simple, accessible, fonctionnel et efficace. Les obstacles en matière de ressources humaines, financières et matérielles doivent être bien ciblés et faire l’objet d’une analyse approfondie pour des mesures appropriées à prendre. L’engagement politique est essentiel pour la réussite de cette entreprise.

 

Conclusion

La République Centrafricaine est dans une situation chaotique certes, mais dispose des atouts pour se relever dont le plus important est toute l’attention particulière qu’elle bénéficie de la Communauté internationale. La diversité et riches potentialités naturelles que regorge le sol centrafricain et qui sont à ce jour sous exploitées devraient servir de base pour la relance d’une économie durable de ce pays. L’accent devra être mis sur le développement du capital humain en vue de disposer des compétences adéquates pour la mise en valeur de ces potentialités. Aussi, une méthode participative vers un développement équitable et durable, intégrant les aspirations profondes de toutes les régions sans exception aucune du pays, devra permettre de rompre avec le cycle de violence. La pratique de la gouvernance démocratique dans la gestion de la chose publique et la culture de reddition des comptes à tous les niveaux devraient restaurer la confiance entre les acteurs au développement et favoriser l’adhésion de toutes les populations aux efforts de lutte contre la pauvreté endémique qui a fait son nid sur le territoire national.

 

Pr. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA

Partager cette page
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :